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Mécène et mentor, le doublé gagnant

Le premier comité de sélection d’Entreprendre&+ s’est tenu fin septembre et réunissait notamment six nouveaux membres d’Entreprendre&+ dont Michel Sanitas et Eric du Fraysseix, tous deux entrepreneurs depuis plus de vingt ans. Ils ont accepté de parler de leur parcours d’entrepreneur et de leur engagement en tant que philanthropes et désormais mentors de SINGA .

Présentez-vous brièvement ? Quel a été votre parcours d’entrepreneur ?

Après l’ESSEC, et 5 ans chez Arthur Andersen, j’ai créé une société de relations publiques dans le domaine de l’assurance puis en 1996, j’ai monté TECHNICIS, société de service linguistique (traduction, interprétariat…). Cette société est, aujourd’hui, numéro un en France, compte plus de 230 salariés et des filiales en Suisse et Belgique.

Philippe Vayssettes

Après des études scientifiques et techniques, j’ai occupé des fonctions d’encadrement dans les secteurs de la métallurgie, l’énergie et les technologies de l’information. Puis, j’ai fondé il y a une vingtaine d’années, avec deux associés, une société de développement logiciel au service de grands comptes publics, privés, internationaux. Cette entreprise a été cédée à Post Group Luxembourg et compte, aujourd’hui, une centaine d’ingénieurs consultants. J’ai créé également en 2014, avec ma famille, la fondation Prairial qui vise à soutenir l’Économie Sociale et Solidaire, et plus particulièrement l’entrepreneuriat social.

Michel SANITAS

Comment avez-vous connu Entreprendre&+ ? Quelles sont les motivations de votre engagement ?

J’ai connu Entreprendre&+ grâce à Arnaud de Ménibus, un ami de longue date qui m’a sensibilisé, par son exemple et ses convictions, à l’importance pour nous, acteurs du monde de l’entreprise, de participer aussi au développement de l’entrepreneuriat social et d’apporter notre expérience de chefs d’entreprise. A cet égard, Arnaud a été particulièrement convainquant lorsqu’il m’a évoqué la personnalité des porteurs de projet, jeunes, enthousiastes et fortement impliqués dans ces entreprises à caractère social.

Philippe Vayssettes

J’ai rencontré Arnaud de Ménibus au cours d’un comité de sélection d’Antropia, l’incubateur de l’ESSEC. Après quelques échanges, nous avons pu vérifier très vite que nous partagions un ensemble de valeurs et une même vision des actions à entreprendre pour améliorer la société dans laquelle nous vivons.

D’une manière globale, je considère que j’ai eu beaucoup de chance, tant sur le plan familial que professionnel. Donc il vient naturellement un moment où l’on ressent le besoin de redonner un peu de ce que l’on a reçu. Comme dit le proverbe : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu ». Je crois que c’est assez juste, et c’est finalement une bonne philosophie de vie.

Plus spécifiquement, les changements profonds et extrêmement rapides de nos sociétés font émerger des besoins sociaux nouveaux, dans un environnement de plus en plus complexe. L’action publique bien que toujours nécessaire rencontre ses limites. Le secteur concurrentiel marchand, lui, ne trouve pas les équilibres économiques qui lui sont indispensables pour faire de ces besoins un marché. L’entrepreneuriat social, en alliant le meilleur des deux mondes, c’est à dire solidarité et efficacité, et parfois en les faisant coopérer étroitement, est une voie complémentaire pour adresser toute la complexité de ces nouveaux besoins.

Michel SANITAS

Vous avez choisi d’accompagner SINGA. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet, vous a donné envie de le mentorer ? Ses atouts, ses enjeux ?

Concernant SINGA, on ne peut pas rester indifférents aux problèmes des réfugiés. La Fabrique que nous avons choisi d’accompagner est l’incubateur nécessaire pour favoriser les initiatives entrepreneuriales de personnes réfugiées.

Les atouts de ces projets reposent sur les personnalités, les formations et les métiers préalablement exercés par les personnes en situation de réfugiés et, bien sûr, l’enjeu majeur est de leur permettre de réussir leur intégration.

Philippe Vayssettes

Trois éléments majeurs ont attirés mon attention concernant SINGA :

– L’accueil des réfugiés statutaires est perçu par beaucoup comme un problème. C’est hélas bien trop souvent la peur, émotion négative savamment entretenue, qui prend le pas sur la raison. Donc l’idée de se mettre dans l’action pour transformer un obstacle imaginaire en opportunité réelle par la mise en relation de ces populations avec leur société d’accueil me plaît beaucoup.

– La Fabrique me semble une piste d’innovation intéressante. En effet, nous pouvons bénéficier ici de regards extérieurs à notre société pour détecter de nouveaux besoins, sociaux ou autres, et concevoir ainsi des solutions nouvelles. C’est donc un enrichissement.

– Et enfin, le porteur de projet, Guillaume Capelle, possède toutes les qualités de l’entrepreneur social et incarne parfaitement les valeurs qu’il défend. On constate ici sans surprise que le facteur humain est bien l’élément essentiel pour la réussite de toute entreprise.

Michel SANITAS

Publié le 3 octobre 2017.